
La Transylvanie
Du 5 au 9 octobre
Au revoir les Maramures...


Nous voici partis pour 5 heures de petites routes défoncées dans la montagne roumaine. Heureusement, les paysages nous ont fait oublier la difficulté de la route. Nous sommes arrivés à Sighisoara, une des trois villes incontournables de la Transylvanie. C'est une petite ville médiévale saxonne. Deux chambres dans une pension nous y attendaient et nous avons été accueillis par une maitresse de maison encore une fois aux petits soins, adorable, intéressante (nous avons beaucoup discuté de la Roumanie et ses difficultés à émerger alors que c'est un pays bourré d'atouts) et, nous le verrons plus tard, une excellente cuisinière. Avant le diner, nous sommes allés visiter la ville.







La maison où est né Dracula...


Donc, au menu du soir, soupe à la viande délicieuse, purée fraiche et saucisses à l'agneau et au porc, faites maisons avec leurs agneaux et confites dans du gras. Un régal ! Difficile de ne pas se resservir plusieurs fois !

Le lendemain, nous avons testé le p'tit dej Roumain assez tard, vers 9h30. Le but était de se remplir l'estomac pour sauter le repas du midi.



Mais que c'est mignon !!! Les chatons ont un effet magique sur nos enfants, ils gomment le côté démon pour ne laisser transfigurer que le côté ange. On a failli les adopter.
Notre hôtesse, dont je n'ai pas réussi à retenir le prénom, était très attachante. Aussi guide touristique, nous avons appris plein de choses. La veille, elle nous avait proposé de nous faire une machine de linge, ce qui nous a bien arrangés car certains vêtements commencés à tenir debout tout seul. Avant de partir, en plus de préparer les quelques 10 chambres pour le soir, gérer la fin du p'tit dej de tout le monde, gérer ses enfants, elle a pris le temps de nous faire un gâteau roumain et, pour nous dire au revoir, nous a fait à tous un calinou.
Puis nous avons pris la route qui sera une des plus belles routes de notre voyage. Après les Maramures, nous pensions qu'il serait difficile de trouver plus authentique et beau en terme de villages et d'architecture.
Nous avons traversé un chapelé de villages médiévaux saxons, construits par les Allemands au 12 ème siècle autour d'une église fortifiée en hauteur à laquelle on accède par un escalier couvert. Mais il y avait aussi les ruelles et petites maisons autour du village qui étaient intéressantes et belles. Il faisait froid et le temps était mauvais, mais il nous a offert un "ciel à photos" comme vous pourrez le constater plus bas. Nous sommes étonnés du rendu de ces photos que nous aimons beaucoup. Je mettrai donc en grand format celles qui valent le coup, tant pis pour la place...


L'escalier couvert :







Dans le village suivant, on s'est dit que c'était dommage de ne pas utiliser les atouts de notre véhicule 4x4. Nous sommes partis au filling sur les petites routes du village. On s'est rendu compte que, comme dans les Maramures, la route principale qui traverse le village est goudronnée, et c'est tout. C'est là qu'on a pu faire de belles photos :







On se rend compte qu'il n'y a pas que les vieilles dames qui portent l'habit traditionnel. Ici, ces 2 jeunes filles n'ont pas plus de 16 ans.

Je zoome :

Ah oui, dans ce village les chevaux font leur vie, ils sont libres. Surement émancipés par leurs maîtres. Là sur la photo, nous sommes sur la route principale. Je pense qu'ils vont au bistro boire un coup.

4ème ou 5ème village, je ne sais plus...


On vous montre cette photo car il y a beaucoup de troupeaux de moutons et, toujours, un berger les accompagne, comme avant en France (maintenant, bien rare sont les troupeaux surveillés par des bergers en France) surement pour diminuer les pertes liées aux loups et ours car je pense qu'ici, les agriculteurs ne touchent pas les mêmes indemnités qu'en France en cas de perte. On se demande si celui là n'avait pas un fusil.

Dernier village :


Puis nous sommes arrivés à Sibiu, ville bien plus grande que Sighisoara, également construite par les Allemands au 12ème siècle. Nous avons rejoins notre pension pour une nuit, située dans la vielle ville. Gros changement d'ambiance et de style par rapport à la pension de Sighisoara. Le seul point commun : la gentillesse de notre hôte. Nous nous sommes retrouvés dans un vieux bâtiment entièrement rénové, proposant 5 chambres et une grand pièce commune au sous-sol. Nous avions l'impression d'être dans un hôtel 4 étoiles. Et comme nous étions les seuls clients, nous étions un peu chez nous. Nous avons regretté de ne passer qu'une seule nuit ici, on y était super bien, les lits étaient très confortables, ce qui ne nous est pas arrivé depuis longtemps. On s'est levés après 9 heures.




Nous avions des boissons gratuites dans nos mini frigos (bière, eau gazeuse...), dans la pièce commune des céréales et autres petites choses pour le p'tit dèj. Nous avons pu nous faire un bon café avec une machine automatique !
Et tout ça pour la modique somme de 58 € pour les 2 chambres.
Donc, nous avons pu visiter Sibiu sans prendre la voiture :





C'est une spécialité roumaine : des chaussons fris, salés ou sucrés. Là, c'est au fromage et au jambon. Ça ressemble aux panceroti italiens sans la sauce tomate.


Dans cette ville, on se sent observés.................par les maisons.



Marie les aime bien car elles ressemblent aux maisons qu'on dessinait tous quand on était petit, avec les tuiles rondes.



A vendre, Toyota RAV 4 première main, excellent état, elle pollue juste un tout petit peu les photos.
Bon, je sais, ça devient lassant, mais nous avons aussi adoré cette ville.
Quand nous avons fait connaissance avec Sibiu le premier soir en nous baladant, nous sommes tombés sur une manif. Nous n'avons pas compris leurs revendications. Je vous mets une vidéo, à vous d'essayer de deviner :

Puis nous avons pris la route pour Brasov, notre dernière étape en Transylvanie.
Regardez, il a neigé sur les sommets, assez bas même :

Je mets cette photo car Samuel aime beaucoup les églises avec de l'or sur le toit :

Puis, nous sommes arrivés chez notre hôte, Félix, un jeune roumain qui vit dans la maison de ses grands parents depuis qu'ils ne sont plus là et va vivre chez ses parents quand il la loue. Nous resterons là 2 nuits. Félix, super sympa et ouvert à la discussion, passera de temps en temps pour s'occuper de ses animaux. Une fois de plus, changement total d'ambiance ! En 4 jours, nous aurons vécus 3 expériences très différentes.






Mais qu'est-ce-que c'est ?
L'intérieur de sa maison fait penser à la maison de nos grand-mères. Il y a 3 chambres avec un grand lit dans chacune et une cuisine/salon. C'est rustique mais il y a tout l'équipement nécessaire (machine à café auto, lave vaisselle, lave linge (précieux pour nous), sèche linge...etc...Bien sûr les lits sont faits, et il y a 2 serviettes par personne comme dans tous les airbnb. Je vous explique ça car Félix loue son logement 22 € par nuit pour 6 personnes.
Ça fait longtemps qu'on court après ce panneau. On le croise souvent mais parfois, c'est pas évident de s'arrêter.

Du coup, on l'a piqué sur internet dans le récit d'une certaine Julie sur la Roumanie, qui est très bien écrit et qui exprime, en mieux, exactement ce qu'on a ressentit. Pour ceux que ça intéresse, voici le lien :
https://www.trace-ta-route.com/voyages/roumanie/
Très sincèrement, ceux qui cherchent une destination de vacances, penchez-vous sur la question. Il n'y a que du positif en Roumanie. Je vous mets juste un petit extrait du récit de Julie :
Mes 3 bonnes raisons de venir en Roumanie :
1. Parce qu’ici on ne vous prendra jamais pour un touriste mais pour un individu ordinaire avec qui ont peut échanger, partager, communiquer. La langue peut apparaitre au début comme une barrière mais vous verrez qu’elle est systématiquement un tremplin vers un sourire ou un salut cordial.
2. Ce pays souvent taxé d’archaïsme n’a en fait jamais été aussi moderne et en phase avec les nouvelles aspirations de notre temps : altruisme, empreinte carbone limitée, auto-subsistance ont prit le pas sur l’égoïsme, le productivisme et la richesse matérielle. Neo ruraux, locavores, décroissants et autres tribus écolos, vous avez trouvé votre terre de prédilection.
3. Parce que la France et les français y occupent une place privilégiée. Certaines locutions françaises se retrouvent dans le vocabulaire (« Merci » notamment) en raison des origines latines de la langue (et non slaves). En outre, de ce qu’on a pu constater, la nouvelle génération s’expatrie pas mal en France, alors forcément ça crée des liens !
Ah oui, détail important, nous logeons dans cette ville :


Le lendemain matin, nous avons croisé, juste derrière la maison, un berger en tenue traditionnelle : un manteau en peau de mouton, un chapeau et un long bâton. Nous avons osé le prendre en photo :

Mais en fait, un peu rustre, il n'était pas très content, on peut même dire qu'il était en colère. Il nous a chassés !!!


Cette journée sera marquée par un désir incontrôlable de Marie, de ces désirs qui viennent du fond de votre être, de la part d'enfant qui subsiste en vous et qui vous fait dire "mais heu, je veux voir un ours !" Nous étions dans la région où vivent la plus grande concentration d'ours. Tout au long de la journée, nous avons cru voir des ours, interpellés par les cris de joie et les questionnements de Marie. Ainsi, nous avons vu des chevours, des vachours, beaucoup de chiours, des arbrours et quelques homours. A un moment, on a vraiment cru que c'était la bonne, mais Marie n'était pas avec nous :

En fait, ce n'était rien d'autre qu'une Mariours.
Objectifs de la journée :
- visiter le château de Bran, tristement célèbre pour avoir été la demeure d'un certain Vlad Tepes (l'empaleur) qui a inspiré la légende de Dracula,
- faire une rando dans la montagne des ours,
- voir un ours en milieu sauvage,
- aller au refuge des ours,
- trouver des plateformes d'observation des ours,
- vérifier s'il n'y a pas d'ours dans les parages.
Visite du château de Bran : ce château était joli et il a servi de résidence à la très populaire reine Maria qui a régné de 1914 à 1927 sur la Roumanie.
A part ça, nous avons été déçus. Tout le reste est évidement complétement appuyé sur la légende de Dracula et, si on retire cet élément, tout s'écroule. Je ne dis pas que cette histoire qui prend sa source dans la vie d'un personnage réel n'est pas intéressante, bien au contraire. Mais il suffit d'aller voir sur internet, ce que je vous invite à faire.







Nous avions repéré un parc national à proximité du château qui est sensé abriter la plus grande population d'ours. D’onéreuses excursions sont organisées avec un des gardiens du parc dans le but d'observer des ours.
Nous sommes partis au feeling sur une piste forestière. Même s'il y avait des traces de véhicules et que c'était tout à fait praticable, nous pensions nous trouver sur un chemin de randonnée. Nous avons roulés plusieurs kilomètres, fait une pause pour manger et repris la route :




Finalement, nous avons débouché au dessus des forêts sur un ensemble de villages et hameaux en pleine activité, avec des habitants, des églises, des pensions et tout et tout, dans un cadre de carte postale :




On aurait dit Manigod avant la station de ski et la route goudronnée.

On avait aussi un ciel à photos ce jour là.







Après un dernier cliché, nous sommes redescendus dans la vallée (45 minutes pour faire 6 km avec la jauge d'essence qui flirtait avec la réserve, on a un peu serré les fesses quand même...



Il y avait un refuge d'ours pas loin d'ici, nous savions qu'il n'était ouvert que le matin, mais nous y sommes allés quand même au cas où un ours se baladerait dans le coin. Faute d'avoir vu un ours, nous avons pu faire une photo intéressante. Nous allons vous parler d'un gros point négatif de la Roumanie. Les gens jettent les déchets dans la nature, un peu partout. Bien sûr aux abords des routes, mais aussi en pleine nature. Il y a parfois de vraies décharges monstrueuses à ciel ouvert. Nous en avons discuté avec Félix qui nous a dit que c'était très bizarre car, les Roumains à l'étranger sont très propres et font bien attention à ne pas polluer et, dès qu'ils rentrent en Roumanie jettent leurs déchets par la fenêtre de la voiture. Il dit que ça bouge doucement et que la nouvelle génération de jeunes est instruite, ouverte au monde et active. Il dit aussi que le plus gros problème de la Roumanie c'est la corruption. Je pense que les roumains ont pas mal de revendications essentielles, comme leur pouvoir d'achat, leur confort de vie leurs conditions de travail. Dans ce contexte, il est difficile d'imaginer l'écologie comme une priorité, même si ça devrait l'être, comme dans beaucoup de pays.

Pour finir la journée, nous sommes allés visiter la ville de Brasov, dernière grande ville de Transylvanie avec Sibiu et Sighisoara. Marie a enfin trouvé un ours :

A part ça, Brasov est une ville qui ne présente pas d’intérêt majeur à part l'église noire et une des rues les plus étroites d'Europe :

Voilà la rue de la ficelle, la plus étroite d'Europe de l'Est, longue de 83 m et large de 1,1 à 1,3 mètres.
C'était amusant, surtout quand on a lu le panneau après coup, qui indiquait qu'on n'avait pas le droit de toucher le mur avec les pieds pour éviter les traces. Nous n'étions donc pas les seuls petits malins à y avoir pensé.



Le lendemain était le jour de notre départ. Nous devions rejoindre une ville de banlieue de Bucarest mais, avant cela, un dernier château de Transylvanie nous attendait et, pas le moindre puisqu'il s'agissait du château royal. Bien plus prometteur sur le papier que le château de Dracula.
Ce château est envahi par les touristes en toutes saisons, à toute heure. Se posent donc tous les problèmes liés à l'affluence : le parking, la foule et les comportements humains qui en découlent et qui suivent l'étonnante règle suivante : plus la densité de population est importante, plus les gens sont individualistes. Ou, autrement dit, l'empathie est inversement proportionnelle à la densité de population. Triste.
Sinon, le château valait vraiment le coup d’œil. Nous n'avions pas le droit de photographier l'intérieur sans payer de surcoût, donc nous n'avons pas pris de photos, j'en parlerai ensuite. A part 2 photos prises en cachette (car nous étions étroitement surveillés), les autres photos de l'intérieur viennent d'internet :


La particularité de ce château est son influence Allemande, donc la forte présence de bois sculpté un peu partout, et sa collection d'armes de plus de 4000 pièces.


La salle des armes




Petit coup de gueule : pour visiter ce château, il y a 2 tarifs. Un assez onéreux pour visiter le premier niveau, et un 2 fois plus cher pour visiter les 2 niveaux. Ensuite, le flux est régulé car il y a trop de monde, donc il faut attendre que quelqu'un vous ouvre (normal). Quand vous rentrez à l'intérieur, il faut suivre le sens de visite et, comme il y a beaucoup de monde, des visites guidées avec des grands groupes de 30 à 40 personnes, on vous incite fortement à libérer la pièce si vous y restez trop longtemps. Toutes les pièces sont gardées par un surveillant. Dès la première pièce, la surveillante vous indique qu'il est interdit de prendre des photos à moins de payer un surcoût, ce que nous avons refusé. D'ailleurs, c'est très agréable, pour une fois, de faire une visite sans se mettre la pression de la photo.
Grand coup de gueule :
Nous avons déjà eu la même mésaventure au musée de Mozart à Vienne, en moins important. Nous avons été victime de ségrégation infantile pendant notre visite, à tel point qu'à la fin nous sommes intervenus et avons dit ce que nous pensions à une surveillante. Nos enfants, qui ne sont pas d'un naturel très calme, sont étonnamment sages durant les visites (musées, châteaux...) et nous sommes contents de leur comportement, mais ce sont des enfants. Et lorsque ça leur arrive de ne pas avoir le comportement adapté, nous les reprenons immédiatement avec sévérité. Dans plusieurs pièces du château, nous avons été surveillés de manière inadmissible, n'osant pas faire un pas de travers. Samuel a eu le malheur de toucher la vitre d'une vitrine protégeant des objets, pour nous montrer un objet, la réaction a été immédiate, avant même que je ne puisse le reprendre. Une minute plus tard, un adulte a fait la même chose sous les yeux de la surveillante qui n'a bien sûr rien dit. Dans une des dernières pièces, il y avait beaucoup de monde et du bruit, les gens parlaient entre eux ou écoutaient les guides. La même surveillante était là, elle s'était déplacée...Nos enfants n'étaient pas particulièrement bruyants mais il parlaient entre eux. Elle leur a demandé de se taire en leur expliquant qu'il ne fallait pas faire de bruit dans un château et qu'ils empêchaient les adultes de s'écouter. C'en était trop. Nous lui avons donc dit tout ce que nous pensions de la situation, lui expliquant qu'elle ne nous traitait pas de la même manière que les autres personnes, qui faisaient les mêmes choses que nos enfants, lui disant que nos enfants étaient sages et qu'elle leur demandait d'être plus sages que les adultes. Nous nous sommes étonnés nous mêmes de notre maitrise de la langue, parfois les montées d’adrénaline ça aide. Elle ne s'y attendait pas, qu'on se le dise. L'effet de surprise a été total. Nous n'avons pas haussé le ton mais elle a bien compris que nous étions en colère. Et, elle s'est excusée. J'avais envie de lui dire qu'ils feraient mieux d'interdire la visite aux enfants. D'ailleurs, une centaine d'écoliers attendaient dehors pour visiter le château...Je ne sais pas comment ça se passe dans ce cas là.
Bien sûr que ces personnes ont des consignes très strictes et qu'elles ont la lourde responsabilité de protéger un trésor de la lourdeur des humains, mais c'est vraiment dommage de manquer d'objectivité à ce point car ces visites sont d'une richesse incomparable pour les enfants, surtout quand ils aiment ça ! Et elles se trouvent amputées d'un élément essentiel, terreau de la pédagogie (comme il se la pète !), qui est la bonne ambiance générale, la vie de classe quoi. La motivation et l'attention s'en trouvent émoussées, envahies par cette chape de plomb qui pèse sur nous durant toute la visite. Leave the kids alone !
Ce sera le mot de la fin pour la Transylvanie où nous avons encore vécu de belles aventures. Seul regret : l'ours ! crénom de nom, l'ours !