
Visite de Matera, capitale européenne de la culture 2019.
Après le repas d'anniversaire, Donato nous a très gentiment accompagné à Matera pour une visite personnalisée de la ville.
Il y a 13 ans, quand nous étions venus avec Marie, Donato nous avait déjà emmenés à Matera et j'avais eu un coup de foudre. Cette visite n'a été qu'une confirmation. Même s'il est difficile de comparer toutes les villes que nous avons traversées durant notre voyage, pour moi Matera est la plus belle ville d'Europe et ce n'est pas pour rien qu'elle a été élue capitale européenne de la culture. C'est une ville très spéciale construite dans la roche. Les maisons sont moitié construites, moitié creusées dans le tuf. Les premières traces d'habitation dates de 8000 ans durant le néolithique. Il y a bien sûr eu plusieurs étapes et les maisons ont été de plus en plus construites. Ces maisons grottes sont appelées "sassi". au début du 20ème siècle, cette ville a connu la surpopulation et la grande misère. Les familles vivaient à plus de 10 personnes dans ces maisons avec 1 ou 2 animaux dont la petite étable était juste séparée par une petite cloison du reste, qui ne constituait qu'une seule pièce (voir photos). Dans les années 50, le gouvernement a commencé à dépeupler la ville en relogeant les gens car c'était pour eux la ville de la honte. Dans les années 80 a commencé la réhabilitation de la ville et la mise en valeur de ce patrimoine unique. Le gouvernement a proposé des subventions pour rénover ces maisons qui sont maintenant soit habitées soit investies par des commerces. Assez parlé, place aux images. Nous ne sommes pas arrivés à une bonne heure pour avoir une lumière qui mette bien en valeur ces paysages mais ça permet quand même de bien se rendre compte :



Sur la colline en face se trouvent les premières grottes :



Et derrière toutes ces façades en pierre se cache l'autre partie de la maison creusée dans la roche.




Entrons dans une de ces maisons :


Comme il y avait entre 6 et 10 enfants, les plus petits dormaient dans les coffres à grains et les tiroirs.
La cuisine :

L'étable qui donne sur la pièce principale. Au fond à droite était entreposé le fumier pour réchauffer l'habitation.

Les familles ont donc quitté ces habitations dans les années 50.

Nous avons fini la visite de Matera de nuit :



Expo de Dali dans les rues.
Puis nous sommes allés manger ces fameux panzerotti. Un genre de pâte à pizza mais avec du lait, pliée en deux comme un chausson, farci à la sauce tomate et mozzarella, et frit.


Le lendemain, nous avons dit au revoir à la famille de Marie pour prendre la route de Santeramo où se trouve l'autre moitié. Mais au passage, nous sommes allés visiter la tante religieuse de Marie, zia Ninette, sœur de Lucie. Elle vit dans un couvent qui fait l'école maternelle privée. Zia Ninette, appelée au couvent suore Maria Eugenia, fait la cuisine aux enfants. Nous avons mangé avec elle. Puis nous avons rendu visite à zio Michele, frère de Luigi, qui était à l’hôpital de Matera pour se faire enlever des calculs.





Elle respire la divine bonté hein ?
Nous sommes arrivés à Santeramo et, grâce aux origines de Marie, nous avons une fois de plus goûté aux conséquences de "l'organisation" italienne. Nous avons donc tourné pendant une demi heure avec notre van dans les rues étroites du centre ville à la recherche de l'appartement de sa tante selon ses souvenirs d'enfance, tante qui ne savait pas qu'on arrivait. Nous avons fini par essayer de l'appeler, mais le numéro n'était pas bon. Nous avons donc décidé d'abandonner et d'aller directement chez son cousin Roberto car là, notre arrivée était bien mieux planifiée : nous l'avions appelé 2 heures avant pour le prévenir que nous débarquions chez lui à 6 et qu'il devait nous loger.
Quelques paroles et gestes plus tard (il faudra que je vous parle de Marie à ce propos, qui se transforme de plus en plus. Bientôt elle va parler le patois), Roberto nous a emmenés dans une des nombreuses boucheries chevalines car je lui ai dit que j'adorai les bracioles. Mais ce sera pour le lendemain midi.



Nous avions donc autour de la table Roberto tout au fond chez qui nous étions, qui est maraicher, sa mère zia Sara qui vit avec lui. Sa sœur Mariella (nounou) et son mari Gianni (agriculteur). Roberto et Mariella sont les enfants de zio Natale (frère décédé de Lucie). Debout au fond, leur fils Vito. Et qui lève son verre tout au fond, c'est zia Immacolata, sœur de Lucie, la fameuse tante que nous cherchions dans le centre de Santeramo.
Pour revenir à Marie, elle ne peut plus dire un mot sans former la fameuse "pince" italienne avec ses doigts. C'est très enrichissant pour moi de découvrir ma femme dans ce contexte car il fait apparaitre une facette cachée et permet de comprendre bien des choses. Marie est dans son élément, ça se voit ça se sent. Elle ne peut pas renier ses origines. Il faudrait que j'arrive à capter en vidéo un moment de discussion emportée (assez courant en fait) pour vous montrer.
Après le repas Roberto, Mariella et zia Immacolata ont préparé les bracioles pour le lendemain. Il n'y a pas d'heure pour cuisiner. Ce sont des involtinis (roulés) de viande fourrés au parmesan, ail, persil et piment. Après cette étape, ils seront cuits dans une casserole et mijotés dans une sauce tomate pour faire le "succo", c'est à dire faire réduire la sauce tomate pour la rendre concentrée et prendre le goût de ce qu'on met dedans. Ce sera servi avec des pâtes :


Séance photos :

Nous avons passé presque 3 mois sans malade. A 6 jours de la fin du voyage, il a fallut que l'un de nous rattrape ça :

Bonne grosse rhino
+ lumbago
= au dodo
Donc, après une nuit blanche et une journée comateuse, je me suis extirpé du lit pour suivre Marie et les enfants à la rencontre de zia Franca (soeur de Lucie) et zio Erasmo. Nous avons vu aussi leur fils Nicola, sa femme Francesca et 2 de leurs 3 enfants (Rose 9 ans et Erasmo 12 ans) , enfin des enfants du même âge que les nôtres ! Ils ont fait connaissance et ont essayé de communiquer longtemps, sans l'aide des adultes, ce qui était super sympa.



Nous avons aussi vu Giuseppe, l'autre fils de zia Franca et Zio Erasmo, qui s'occupe de pas mal d'animaux dans la cour.

Ils nous ont invités à manger le lendemain soir. Mais nous avons aussi un repas prévu à midi chez Roberto, d'où une séance de fabrication de pâtes en fin de journée. La planche en bois s'appelle un "tavoliere" :




Ces pates s'appellent des "cavatelli a tre dita", ce qui veut dire cavatelli faits avec 3 doigts.


Comme vous le savez surement, toutes les pâtes ne vont pas avec n'importe quoi. Autrement dit, à chaque pâte son accompagnement. La forme de la pâte va avec l'accompagnement. Par exemple, les pois chiches vont avec un genre de coquillettes car ils rentrent dedans. Ces pâtes, les cavatelli, se cuisinent avec les "cime de rape". C'est un genre de légume vert, un peu de la famille des brocolis, un mélange entre des brocolis et des épinards. Ils sont cuits dans l'eau et revenus dans l'huile d'olive avec de l'ail. Ils sont servis sur ces pâtes et arrosés non pas de parmesan mais de chapelure. J'invite tous ceux qui, comme moi, sont un peu réticents devant une assiette de verdure, à goûter des pâtes italiennes aux légumes.
Il existe un grand nombre de pâtes différentes. Une autre pâte typique de cette région est "l'orecchiette" qui, comme son nom l'indique, a une forme de petite oreille. Elles sont faites à la main, une par une, avec l'index. Elles sont servies dans des caquelons passés au four avec de la viande, de la sauce tomate, de la mozzarella et du parmesan. Un peu comme les lasagnes.

Pendant ce temps, Vito a appris aux enfants à jouer à la Scopa, LE jeu de cartes italien.

Le lendemain, nous sommes partis visiter la région des trulli, et plus précisément la ville d'Alberobello. Les Trulli sont des habitations très spéciales qui ont été construites entre le 14ème et le 19ème siècle, donc sur une période très étendue. L'idée astucieuse des trulli est la suivantes : ils ont été inventés pour contourner l’impôt imposé par les seigneurs à qui souhaitait construire une maison. En effet, les murs et le toit ne sont pas cimentés, de sorte que ces charmantes maisons rondes étaient démontables. D'ailleurs, c'est ce qu'ils faisaient en cas de contrôle de l'habitat, ils démontaient les trulli. C'est un habitat paysan, d'abord dispersé dans la campagne, puis regroupé en petites villes dont la plus grande est Alberobello. C'est surprenant et très beau :






Ils inscrivez des symboles magiques sur les toits pour protéger les maisons et attirer la fortune. Mais ça ne marchait pas trop...

Nous sommes rentrés pour le repas de midi qu'on commence en généralement vers 14 h et que se termine vers 16h. C'était un repas léger car nos hôtes savaient que le soir nous étions invités ailleurs. Nous avons donc mangé les pâtes aux cimes de rapes, puis des fruits de mer frits (un délice quand ce sont des fruits de mer frais). Suivi de nombreux desserts comme d'habitude, dont un délicieux gâteau au chocolat. Mais en Italie, il le coupe en deux dans l'épaisseur pour y ajouter de la chantilly maison et du nutella.



La photo est trompeuse. Contrairement aux apparences, zia Sara ne se roule pas une clope.
Façon de couper le gâteau intéressante en Italie. De la sorte, le nez des parts ne se rompt pas. Et quand il n'y en a plus il y en a encore...

Roberto a emmené Marie et les enfants, pendant que j'étais au fond de mon lit, voir la maison des grands parents de Marie, où elle passait une partie de ses vacances.

Voici Giuseppe, un frère de Roberto, et Nella sa femme. Tous les jours, de nouvelles têtes passaient nous rendre visite chez Roberto. Il faut dire que rien que dans la famille de Roberto, ils sont 6 enfants.


Le soir, nous sommes partis chez zia Franca et zio Erasmo pour le repas. Erasmo et son fils Giuseppe étaient en train d'enfourner des brochettes d'agneau dans leur four à bois. Seulement, le four était trop chaud, les brochettes se sont enflammées et ils se sont brûlés les mains à plusieurs reprises. Rien de grave, juste de quoi en rire après coup. Une solution plus classique fut trouvée :



Il y avait donc ce soir là zia Franca et zio Erasmo, leurs deux fils et leurs familles.
Heureusement que nous avions mangé "léger" à 14h car nous avons mangé de multiples entrées que déjà t'as plus fin quand t'as fini TES assiettes (salade de surimi, involtini d'aubergine au thon, endives aux crevettes, feuilleté au speck, boules de mozzarella, carpacio de bœuf, jambon cru...Ensuite arrivèrent les viandes, c'est à dire l'agneau et de délicieuses saucisses natures où au paprika. Bien sûr de nombreux desserts vinrent conclurent ce repas. Heureusement qu'il y avait des digestifs !



Vous devez surement retrouver souvent les même prénoms dans ce récit. La coutume qui consiste à donner à ses enfants les prénoms des grands parents, si elle n'existe plus en France est suivie ici par quasiment tout le monde. C'est pourquoi le prénom "Guiseppe" revient souvent par exemple. Cette coutume aboutit parfois à des situations cocasses, comme pour la fille de Nicolas. La femme de Nicolas a le même prénom que sa mère. Un hasard bien entendu. Mais comme la tradition a été respectée, leur fille ainée porte le prénom de la mère de Nicolas ! Vous suivez ? Ainsi leur fille s'appelle Fransesca, comme sa maman et comme sa grand mère.

Le lendemain, nous nous attelons à une des taches les moins sympas de notre voyage : les bagages et le remplissage de la voiture que nous faisons tous les 2, 3 ou 4 jours depuis 3 mois. On commence à être au point, mais là, une contrainte a été ajoutée pour compliquer un peu le jeu. En effet, je ne vous ai pas encore parlé d'une facette qui est indissociable de l'accueil et de la générosité de la famille : les cadeaux. Surtout des produits consommables bien sûr mais pas que (vêtements, autres petits choses). Ainsi, nous nous sommes vus offrir quantité de légumes, fruits, huile et j'en passe. Leur système de numération est différent du notre. Quand tu leur dis "juste 1 alors" ils te disent ok et t'en donnent 3 (un peu comme quand René te sert à boire : "juste un demi verre hein !" "oui,oui..."). Donc le remplissage du coffre devint un véritable casse tête (les courges par exemple, c'est gros...) et, comme j'aime le dire, transforma notre van en épicerie pour quelques jours. Avant de partir, nous sommes allés rendre visite à zio filipo et zia beatricia. Puis nous sommes allés dire au revoir à zia Immacolata et Roberto sur un des ses lieux de travail.


Così finì la nostra piacevole parentesi nella famiglia di Maria. Siamo stati coccolati e abbiamo scoperto un paese, una regione, nel miglior modo possibile. Vorremmo ringraziare tutta la famiglia di Marie per la sua meravigliosa ed esemplare accoglienza. Grazie per la tua gentilezza e la tua energia. Nonostante i tuoi doveri quotidiani, il tuo lavoro e tutte le preoccupazioni dei quotidiani, hai sempre risposto presente e con un sorriso, entusiasta dell'idea di farci scoprire tutte queste piccole cose che ti costruiscono la vita, valorosi abitanti della Puglia. E ci sei riuscito, ti amiamo e amiamo il tuo paese. Finiremo con queste bellissime immagini di Roberto che vende i suoi splendidi ortaggi in una piazza di Santeramo:
Ainsi s'est terminée notre parenthèse si agréable dans la famille de Marie. Nous avons été chouchoutés et nous avons découvert un pays, une région, de la meilleurs manière qui soit. Nous tenons à remercier encore toute la famille de Marie pour son accueil formidable et exemplaire. Merci pour votre gentillesse et votre énergie. Malgré vos obligations quotidiennes, vos travaux et tous les soucis du quotidiens, vous avez toujours répondu présents et avec le sourire, enthousiastes à l'idée de nous faire découvrir toutes ces petites choses qui construisent vos vies à vous, valeureux habitants des Pouilles. Et vous avez réussi, nous vous aimons et nous aimons votre pays. Nous terminerons donc avec ces belles images de Roberto vendant ses beaux légumes sur une place de Santeramo :



